Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/25

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

duisait au combat les bandes soulevées de l’Ouest. Le Corsaire, feuille satirique appartenant à l’opinion républicaine, ayant fait un jour allusion aux doutes que caressait la malignité publique, le rédacteur, M. Eugène Briffault, fut appelé en duel par un royaliste et blessé. Une nouvelle attaque fut suivie, de la part des rédacteurs du Revenant, d’une nouvelle provocation à laquelle le Corsaire répondit, cette fois, par une énergique invocation au respect dû à la liberté d’écrire. Mais recourir contre le parti républicain à des voies d’intimidation, c’était montrer qu’on le connaissait bien peu. Composé d’hommes pleins de bravoure, de fougue et d’audace, la force de ce parti était précisément dans son ardeur à braver la mort. Il ne se vit pas plutôt menacé, qu’il éclata d’une manière terrible. Le National et la Tribune, qui n’avaient jusqu’alors parlé de la duchesse de Berri, malheureuse et captive, qu’avec une générosité chevaleresque, le National et la Tribune adressèrent aux légitimistes un défi solennel et hautain. Avec cette supériorité de dédain qui le caractérisait, Armand Carrel écrivit : « Il paraît que voilà le moment venu de prouver la fameuse alliance carlo-républicaine. Ou’à cela ne tienne : que Messieurs les cavaliers servants disent combien ils sont, qu’on se voie une fois, et qu’il n’en soit plus question : nous n’irons pas chercher les gens du juste-milieu pour nous aider. » Une déclaration du même genre parut dans la Tribune. Aussitôt les sociétés populaires, les écoles, tout s’ébranle. Les bureaux des deux feuilles républicaines sont envahis par une foule frémissante.