Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/30

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Courrier de l’Europe, la Quotidienne, organes de la légitimité ; marquèrent hautement, au nom de leur parti, le regret de ce qui s’était passé. Armand Carrel, dont on avait cru la vie en danger, ne tarda pas à être rendu au journal qu’il dirigeait avec tant d’éclat. Enfin, les républicains revinrent, à l’égard des royalistes, à un langage moins offensant et à une contenance plus calme. Mais comme leurs ressentiments n’étaient pas encore tout-à-fait apaisés, ils signèrent en grand nombre une pétition tendant à faire juger la duchesse de Berri ; et ceux d’entre eux qui s’abstenaient depuis long-temps de porter les insignes de la révolution de 1830, que la trahison, disaient-ils, avait profanés, ceux-là mirent une sorte d’affectation à ne plus paraître en public que le ruban de juillet à la boutonnière.

Le ministère, cependant, préparait en silence les moyens de mettre à profit la situation que la duchesse de Berri lui avait faite. Le gouverneur de la citadelle de Blaye s’était opposé à ce que la police fût introduite dans le fort. Soldat, il ne voulait commander qu’à des soldats. Cette noblesse de caractère déplut. Parce qu’il était homme d’honneur, M. Chousserie cessa de paraître suffisamment dévoué on lui donna pour successeur le général Bugeaud. C’était un militaire doué comme tel de qualités éminentes, possédant en de certaines matières une instruction solide, remarquable par une sorte de bon sens grotesque, moins méchant que bizarre, sensible même par accès, mais emporté, brutal, dépourvu de tact, impatient du joug des procédés délicats, et animé d’un zèle de subalterne