Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/301

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ville, pour l’exécution du complot. Les sous-officiers correspondaient avec Epinal ; ils avaient des intelligences dans Nancy ; le comité des Droits de l’Homme était prévenu de leurs projets ; et Thomas avait usé avec succès de l’influence que lui assurait sur les soldats l’étendue et la fermeté de son esprit, enflammant les uns de sa colère, ouvrant aux autres la perspective d’un avenir plein d’éclat, semant autour de lui l’enthousiasme républicain, parlant à tous enfin de patrie de gloire et de liberté. Mais il était difficile que rien ne transpirât d’un pareil secret, et il paraît que, depuis quelque temps, la trace du complot était suivie. Le 15, Guary, ex-maréchal-des-logis au 7e de dragons, est inopinément arrêté à Epinal. Des révélations importantes lui sont arrachées. L’autorité militaire, à Lunéville, en reçoit avis, et Thomas se voit mandé chez le général Gusler. On connaissait sa fermeté, son ascendant sur ses camarades, et l’on doutait de la fidélité des régiments. On se contenta donc d’adresser à celui qu’on aurait pu faire arrêter comme conspirateur, des représentations dont on eut soin d’adoucir la sévérité. Thomas répondit sans faiblesse, sans imprudence. Mais son parti était pris. Convaincu sans doute que tant de ménagements cachaient un piège, et qu’on n’attendait, pour sévir, qu’une occasion moins défavorable, il résolut de précipiter le dénoûment. Le 6 au matin, le National et la Tribune ayant apporté à Lunéville la nouvelle erronée que la garnison de Béfort venait de proclamer la république, Thomas, Bernard et Tricotel se réunissent. On décide qu’il faut agir ; et Tricotel, en tenue de