Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/319

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bourg qu’il prit le parti d’y faire sa position par des allures tout-à-fait indépendantes et un langage plein de rondeur. Sa première entrevue avec l’empereur se passa sous de favorables auspices. Nombre de seigneurs et d’officiers russes attendaient dans une pièce voisine avec les deux aides-de-camp du maréchal, MM. Delarue et Chasseloup-Laubat. Or, quoique le premier eût déjà fait un voyage en Russie, et qu’il s’y fut lié d’amitié avec plusieurs personnes de la Cour, aucune d’elles n’allait vers lui, aucune n’eût osé le reconnaître avant d’avoir interrogé les regards de l’empereur. Le maître parut, il fit bon visage aux deux aides-de-camp, s’avança vers M. Delarue, qu’il avait connu aide-de-camp du duc de Raguse, et, l’attirant dans l’embrasure d’une croisée, l’entretint en particulier avec une bienveillance démonstrative. Quelques instants après, M. Delarue était l’objet des témoignages de sympathie les plus empressés ; chacun l’entourait, l’accablait de questions ; on se souvenait de l’avoir vu, et qu’on l’avait pour ami. Ces scènes, dont la puérilité même est si féconde en réflexions, annonçaient que l’ambassade française allait avoir, à Saint-Pétersbourg, une meilleure attitude. Et en effet, à dater de ce jour, le rôle du maréchal Maison ne fit plus que s’agrandir. Certaines particularités y contribuèrent qui semblaient devoir produire un résultat opposé. Un jour, dans un grand dîner donné par l’ambassadeur français, la conversation étant tombée sur les premières guerres de notre révolution, le maréchal trouva moyen de rappeler incidemment et sans affectation qu’il était fils d’un paysan d’Épinay. On devine quel