Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/372

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais ce qui compromettait le plus l’existence du ministère, c’était la haine que lui avait jurée le Château. On y trouvait impertinente à l’excès la prétention de gouverner affichée par MM. Thiers et Guizot. il fallait donc que le roi se résignât à un rôle d’automate ; qu’il consentît à parader pour le compte de quelques meneurs ! Il fallait que, laissant revivre la tradition des rois fainéants, il couvât, pour ainsi dire, sous sa majesté endormie l’ambition des modernes maires du palais ! Le roi, dans ses ministres, devait avoir des serviteurs, non des maîtres. Si au lieu d’appartenir à la royauté, les ministres appartenaient à la majorité parlementaire, à quoi bon la royauté ? La souveraineté passait alors dans la Chambre. C’était la république, plus un mensonge et une liste civile de douze millions !

Une brochure de M. Hœderer, publiée sur ces entrefaites, vint mettre à nu les pensées de la Cour. Selon M. Rœderer, un ministère parlementaire était une hérésie ; le roi, aux termes de la Charte, ayant le droit de choisir ses ministres, sa volonté devait être la leur : le roi était le président-né du Conseil, son seul président effectif et légitime.

La brochure de M. Rœderer avait été lue au château, chez madame Adélaïde, au milieu des plus vifs témoignages d’enthousiasme. Elle ne reçut pas le même accueil du public. Les républicains se faisant juges du camp, se préparèrent, le sourire sur les lèvres, à assister à un combat qui révélait si clairement l’absurdité du régime constitutionnel les partisans de la fameuse maxime le roi règne et ne gouverne pas se répandirent en plaintes amères.