Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/374

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demander à un roi de prendre sa majesté au rabais, c’est lui demander l’impossible.

Entre le parti parlementaire et le parti de la Cour, le débat était celui-ci :

Le premier disait, avec M. Duvergier de Hauranne : « Puisque les ministres ne sauraient gouverner sans majorité parlementaire, les ministres que nous voulons, la royauté les doit vouloir. Sans cela, que serait la Chambre ? Une machine à voter les impôts. — Et le second s’écriait, avec M. Rœderer : « Quoi ! le roi nommerait les ministres, lorsqu’en réalité ce serait par la Chambre qu’ils seraient choisis et dominés ? Mais, à ce compte, que serait la royauté ? Une machine à signer des ordonnances, une griffe ! »

Les deux partis avaient raison l’un contre l’autre. Tous deux ils avaient tort aux yeux de la raison ; et cette lutte même prouvait jusqu’à quel point le régime constitutionnel est vicieux. Tout gouvernement qui n’est pas fondé sur le principe de l’unité, est condamné à vivre dans l’anarchie et à mourir dans la corruption. Or, l’unité par la monarchie avait cessé d’être possible le jour où s’était produit le régime des assemblées électives et permanentes ; le jour où l’on avait isolé le trône en lui retirant le nécessaire appui d’une aristocratie territoriale ; le jour où l’hérédité de la couronne n’avait plus été maintenue que comme un fait exceptionnel, toute hérédité politique ayant été proscrite, même celle qui faisait la force de la pairie. L’unité par la monarchie avait cessé d’être possible le jour où la bourgeoisie était venue hériter des dépouilles du