Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/42

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congé de la prisonnière, M. de Choulot, qui avait formé le projet de la sauver, lui demanda un objet qui pût être un signe de reconnaissance entre les mains de la personne qu’il aurait, peut-être, plus tard à lui envoyer. Alors, la duchesse de Berri ouvrant un tiroir, lui dit : « Tenez, voici les joyaux de la couronne », et elle lui montrait, parmi quelques objets de fort peu de prix, une chaînette formant anneau. M. de Choulot prit la chaînette, et à peine était-il sorti que, cédant à un sentiment d’orgueil bien naturel chez une mère, la princesse appela le général Bugeaud pour lui montrer les portraits du jeune Henri et de sa sœur. Après une courte apparition dans la chambre de sa prisonnière, le général revint auprès de M. de Choulot, et, par un manque de tact inconcevable, il l’interrogea sur la grossesse de la duchesse de Berri. M. de Choulot répondit, comme on devait s’y attendre ; qu’il n’était point venu dans la citadelle pour faire des constatations de ce genre et qu’il n’avait rien remarqué. À ces mots, la figure du général s’enflamme. Il ne cherchait que des témoignages dont les légitimistes n’eussent pas droit de suspecter la sincérité il avait compté sur celui de M. de Choulot. Trompé dans son attente, il eut peine à retenir sa colère, et il envoya son aide-de-camp, M. de Saint-Arnauld, chez la princesse, pour la prier de se faire voir à M. de Choulot, debout et marchant. Quelque offensante que fût cette proposition, la duchesse de Berri n’osa pas la repousser. L’épreuve n’eut pas lieu, cependant, grâce à la fermeté de M. de Choulot ; mais il eut à soute-