Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/422

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vous voulez, la France le veut toutes les opinions généreuses le veulent ; la France ne verra jamais des juges où il n’y a pas de défenseurs. Sans doute, au point où les choses en sont venues, la Cour des pairs continuera à marcher dans les voies fatales où le pouvoir l’entraîne, et après vous avoir mis dans l’impuissance de vous défendre, elle aura le triste courage de vous condamner. Vous accepterez avec une noble résignation cette iniquité nouvelle ajoutée à tant d’autres iniquités : l’infamie du juge fait la gloire de l’accusé. »

Dénoncée, le 12 mai (1835), à la Chambre des pairs par M. de Montébello, cette provocation soudaine la jeta dans le plus grand trouble. Elle se forme en comité secret. Traduira-t-on les signataires à la barre de l’assemblée ? Mais quoi c’est un procès enté sur un procès déjà plein d’embarras et de périls ! C’est une lutte nouvelle à affronter Que la pairie s’élève au-dessus de son ressentiment sa dignité l’exige, la prudence le lui conseille ! Si les défenseurs des accusés deviennent eux-mêmes accusés, ne faudra-t-il pas se résigner à entendre jusqu’au bout cet exposé des doctrines républicaines qu’on avait voulu empêcher ? Et si les défenseurs prennent des défenseurs, et qu’il plaise à ceux-ci de se faire mettre en cause à leur tour, quel spectacle à la fois odieux et bouffon donné au monde ! Après avoir entassé incidents sur incidents, interrogatoires sur interrogatoires, plaidoyers sur plaidoyers, arrêts sur arrêts, la pairie ne succombera-t-elle pas, haletante, éperdue ? En viendra-t-on à faire juger une moitié de la nation par l’autre moitié ? Arrivera-t-