Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/427

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les colères du moment, M. de Cormenin n’avait pas tardé à se donner pour ennemis tous les ennemis du peuple : ce fut sa gloire. Du reste, c’était seulement comme pamphlétaire qu’il était terrible. En quittant la plume, il devenait le plus doux et même le plus timide des hommes.

Dans l’occasion dont il s’agit, cependant, il déploya une hardiesse inattendue. Voulant prouver par l’âpreté de son langage que s’il avait nié l’authenticité de la signature qu’on lui attribuait, c’était uniquement pour rendre hommage à la vérité, il parut, le 22 mai (1835) à la tribune, et ouvrit les débats par un discours plein de force et de logique :

« Ce n’est pas ici, Messieurs, l’une de nos querelles intérieures entre l’opposition et la majorité. C’est une question de gouvernement représentatif, de constitution ; de prérogative à prérogative, de chambre à chambre. Le député s’efface ici devant la législature, le membre devant le corps, et ma personne disparaît dans la grandeur de la cause.

Comment, Messieurs, vous ne mettriez en accusation devant la Chambre des pairs un ministre non député qu’après l’examen le plus approfondi et que sur les présomptions les plus graves, et vous livreriez à cette Chambre un député, sans enquête, sans instruction préalable, et sur les indices les plus légers ! Vous penseriez qu’il a pu entrer dans l’esprit des législateurs de 1822 de subordonner la Chambre des députés à la Chambre des pairs ! Vous ne sentiriez pas l’énorme