Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/442

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pairie : M. Trétat allait prendre la parole. M. Trélat possédait au plus haut degré ce courage tranquille et ce calme inexorable qui conviennent à la défense du droit. Depuis long-temps il avait fait dans son cœur le sacrifice de sa liberté, le sacrifice de sa vie. Il se sentait la supériorité qu’on puise dans le mépris de la mort ; et ceux qui se disaient ses juges, il venait, lui, les condamner :

« Il fallait, dit-il, il fallait, Messieurs, que nous nous vissions en face, et nous y sommes.

« Messieurs, nos inimitiés ne datent pas d’hier. En 1814, je maudis avec beaucoup d’autres le pouvoir qui vous appelait, vous ou vos prédécesseurs, à son aide pour enchaîner la liberté. En 1815, je pris les armes pour m’opposer au retour de votre gracieux maître. En 1830, j’ai fait mon devoir comme beaucoup d’autres heureusement, et huit jours après la révolution je reprenais encore mon fusil, moi qui n’ai pas l’habitude de prendre un instrument de guerre et je me rendais au poste que le général Lafayette nous avait assigné, sincèrement ou non, pour marcher contre vous personnellement, messieurs les pairs.

C’est en présence de mes amis et de moi que fut reçu l’un de vous, quand il apporta la révocation des ordonnances à l’hôtel-de-ville et peut-être eûmes-nous quelque influence sur le peu de succès de son ambassade. Il comparaissait alors devant nous, il pleurait ; c’est nous aujourd’hui qui comparaissons devant vous, mais sans pleurer, sans fléchir le genou. Nous avions vaincu vos