Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/449

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guerre civile, conséquences dont la responsabilité retombait sur les auteurs des troubles. Comme si l’origine de la lutte effaçait la honte d’une barbarie gratuite et suffisait pour absoudre.la victoire de ses plus inutiles fureurs !

Cependant, la liste des accusés dociles se trouvait épuisée et l’heure était venue de dompter les accusés rebelles. Ici notre plume s’arrête, de tristesse et de dégoût. Comment retracer, sans que le rouge monte au front, les moyens employés pour faire paraître les prisonniers à l’audience ? Les gardes couraient les appréhender dans leurs cabanons, de la sommation passant bien vite à l’injure et de l’injure à la violence ; bientôt, on se prenait corps à corps et quand, épuisé de fatigue, accablé par le nombre, le prisonnier n’avait plus à opposer qu’une résistance inerte, saisi par les pieds, il était traîné impitoyablement le long des escaliers de son cachot, sa tête bondissant sur chaque marche. Brutalité stérile En présence de la Cour, l’accusé se redressait fier de ses meurtrissures, fier de la poussière sanglante dont ses vêtements étaient souillés ; et alors, ce n’étaient plus qu’accès de colère et clameurs sauvages.

Ne faisons pas à l’humanité cette injure de croire qu’un semblable système de coercition laissât les pairs indifférents. Ils s’en affligeaient, pour la plupart, c’est certain ; mais une nécessité inéluctable pesait sur eux, et il leur était commandé de répéter avec M. Martin (du Nord) « L’obstination d’un accusé ne saurait arrêter le cours de la justice. » Ah ! sans doute la justice ne doit pas être arrêtée