Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/452

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vrir celui qui partait du caveau. Mais où conduisait la route qu’on se traçait ainsi au milieu des ténèbres ? On s’assura qu’elle traverserait souterrainement la prison, passerait sous le chemin de ronde, et irait s’ouvrir dans un jardin. Restaient à connaître la disposition de ce jardin, ses différentes issues, le nom et les sentiments du propriétaire. On a recours à M. Armand Barbès, et celui-ci s’adresse, à son tour, à un dessinateur de ses amis, en qui sa confiance était entière. Ce dessinateur avait une sœur, jeune encore. Il la fait un jour sortir de sa pension, s’achemine avec elle vers la maison du maître du jardin, et, arrivé à la porte, il demande à la jeune fille de s’évanouir. Elle n’eut-garde de s’y refuser, et lui d’appeler au secours. On vient, on s’empresse la malade est transportée chez M. Vatrin, (c’était le nom du propriétaire) et, l’évanouissement dissipé, on propose une promenade au jardin. C’est ce que le frère attendait. L’examen des lieux fut fait d’un œil exercé, le plan du jardin fut dressé, et le lendemain, les conspirateurs du caveau apprirent tout ce qu’il leur importait de savoir : la maison de M. Vatrin était située entre le jardin et une cour donnant sur la rue Copeau ; pour sortir du jardin, resserré entre des murs assez élevés, il fallait absolument traverser la maison ; et, quant au propriétaire, c’était un partisan déclaré du gouvernement. De pareilles données étaient peu rassurantes. Cependant, les travailleurs ne se découragèrent pas. La terre qu’ils déplaçaient, soigneusement étendue sur toute la surface du caveau, l’exhaussait sans en modifier l’aspect d’une manière sensible, et ils étaient