Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/459

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respectables quoique empreints d’exagération. Ils avaient pensé qu’ils devaient au parti, qu’ils se devaient à eux-mêmes de déshonorer, à force de constance, la persécution dont ils étaient victimes. La gloire du combat leur étant dérobée. ils embrassaient avidement celle du martyre. D’ailleurs, ils ne pouvaient se persuader que la police eût ignoré jusqu’à la fin les préparatifs de l’évasion, et ils ne voyaient dans cette négligence, suivant eux, calculée, qu’un moyen d’alléger à la pairie le fardeau de sa tâche judiciaire.

Mais la Cour des pairs ne tarda pas à montrer que, pour s’épargner les embarras, elle n’avait nul besoin du secours de la police. Se fondant sur la résistance opiniâtre des accusés lyonnais, M. Martin (du Nord) avait conclu à ce qu’on les jugeât sur pièces, s’il le fallait : la Cour des pairs n’hésita pas cette fois à faire droit à ces conclusions, dans un arrêt qui ne doit pas être perdu pour la postérité[1].

La procédure une fois simplifiée par une violation aussi extraordinaire des formes les plus inviolables de la justice, le procès fut rapidement terminé. MM. Martin (du Nord), Chégaray, de la Tournelle, ayant tour à tour développé, avec beaucoup de véhémence et non sans talent, la thèse présentée dans l’acte d’accusation, les avocats adverses prirent successivement la parole, chacun pour son client. Mais nul ne le fit avec plus d’élévation et plus d’éloquence que M. Jules Favre. Après avoir défini en termes saisissants le véritable caractère de l’insurrection lyonnaise et renversé l’échafaudage du complot, il résumait ainsi les débats :

  1. Voir aux documents historiques, n° 16.