Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/472

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apportait dans la solution du problème plus que de l’indécision : de l’indifférence. « On peut prendre, dit-il, l’un ou l’autre parti. » Et, en cela, M. Guizot ne sortait pas de son caractère. Car, passionné pour la possession du pouvoir, M. Guizot envisageait froidement les idées que le pouvoir sert à réaliser. Ce qu’il aimait dans les affairés, c’était le commandement, à la différence de M. Thiers, qui, dans les affaires, n’aimait que l’action.

Le Conseil s’étant rassemblé pour une décision définitive, la dissolution du Cabinet semblait imminente, lorsque M. de Broglie fit observer qu’aux termes mêmes du traité de la quadruple alliance, la France n’était engagée à intervenir qu’après s’être entendue sur ce point avec les Puissances alliées. Il fallait donc, suivant M. de Broglie, consulter l’Angleterre et attendre son avis.

M. Thiers ne pouvait combattre cette opinion, puisqu’elle s’appuyait réellement sur le texte du traité ; mais il sentit bien que, dès ce moment, la cause soutenue par lui était perdue. Le Cabinet de Saint-James, en effet, était représenté, à Madrid, par Georges Villiers, depuis lord Clarendon, homme asservi à des habitudes d’élégance frivole, et mêlant volontiers la vie des salons à celle des affaires. Une rivalité qui n’avait rien de politique étant survenue entre Georges Villiers et M. de Toréno, membre du Cabinet de Madrid, l’ambassadeur anglais s’était détaché, presqu’à son insu, comme il arrive en pareille occurence, du parti dont M. de Toréno était un des chefs, et les exaltés l’avaient entouré. Ses dépêches s’en ressentirent, et durent rendre naturellement plus réservés, à l’égard du ministère