Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/475

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discrétion les eût initiées au secret de ce qui venait de se passer, soit qu’elles n’eussent reçu d’autre avertissement que celui des instincts du cœur, la reine voulut être du voyage, et il fut impossible de la faire céder. M. Thiers, alors, eu égard aux circonstances, sollicita l’honneur de prendre place dans la voiture menacée, et l’on risqua le voyage. Il n’eut pas de suites, les conspirateurs, qui se sentaient surveillés, ayant renoncé à leur dessein ; mais rien ne montre mieux à quelles angoisses la royauté en France se trouvait condamnée.

Cependant, des bruits étranges et sinistres commencent à se répandre, et en France, et au-dehors. L’anniversaire de la révolution de juillet approche ; et, suivant les mystérieux discours qui circulent dans le public, cet anniversaire doit être marqué par un attentat. Une lettre écrite de Berlin, le 26 juillet (1835), porte : « Le bruit court généralement ici qu’il y aura une catastrophe pendant l’anniversaire des trois jours. » La même nouvelle a été donnée, le 25 juillet, par un article inséré dans le Correspondant de Hambourg. À Coblentz, à Turin, à Aix, à Chambéry, les mots de machine infernale ont été prononcés. Enfin l’on raconte que, passant dans un village de Suisse, deux voyageurs ont écrit sur un registre d’auberge, à la suite des noms de Louis-Philippe et de ses fils : qu’ils reposent en paix !

La veille du 28, jour fixé pour la promenade solennelle de Louis-Philippe dans Paris, un jeune ouvrier, nommé Boireau, employé dans les ateliers de M.Vernert, lampiste, reçut la visite de deux personnages richement vêtus. Et quelque temps après,