Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/50

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La princesse était au lit, en proie à une agitation extrême ; elle avait les muscles de la face, du col et de la poitrine contractés, la respiration pénible, les lèvres gonflées et violettes ; les mouvements du cœur étaient tumultueux : l’enfant ne donnait plus signe de vie !

De semblables scènes pouvant amener une fausse couche et engager d’une manière terrible la responsabilité des ministres, le général Bugeaud ne négligea rien pour adoucir Marie-Caroline, et il y réussit ; car, chez elle, les impressions étaient plus vives que profondes. Mais ce système de ménagements nécessaires n’alla point jusqu’à l’annulation du procès-verbal, et l’acceptation en fut laborieusement négociée.

Quoique placé par le gouvernement auprès de Marie-Caroline, M. Ménière désapprouvait complétement le projet de procès-verbal. Il en écrivit à M. d’Argout, et donna de sa désapprobation des motifs aussi honorables que décisifs. Quel pouvait être le but d’un acte de cette nature ? De convaincre les incrédules ? Mais les dénégations du parti légitimiste étaient systématiques ; comment douter qu’il ne fut résolu à nier même l’évidence ? D’ailleurs, la tâche imposée aux témoins, sans parler de son inconvenance, n’était-elle pas impossible à remplir ? M. Deneux, homme d’honneur, et responsable des suites.de l’accouchement, ne protégerait-il point sa malade contre la désastreuse influence que devait exercer sur elle, au milieu des émotions d’un pareil moment, la vue de huit ou dix personnes étrangères, inconnues, chargées d’une mission outrageante et inquisitoriale ?