Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/51

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De sorte que, chez un peuple renommé pour sa générosité et sa courtoisie, l’accouchement d’une pauvre femme, vaincue, prisonnière, abandonnée, malade, était devenu la grande affaire du moment, le sujet d’une correspondance ministérielle très-active, une question d’état, enfin ! Que dis-je ? on traita de cet accouchement, comme on traite entre Puissances belligérantes d’une province à partager ou de la paix à conclure !

Après de longues négociations, Marie-Caroline consentit 1° à faire prévenir le général Bugeaud, dès qu’elle ressentirait les douleurs de l’enfantement ; 2° à répondre affirmativement à la question suivante : « Êtes-vous la duchesse de Berri ? » 3° si les témoins n’arrivaient qu’après l’accouchement, à les recevoir quand M. Deneux le jugerait convenable.

Pour prix de ces concessions, Marie-Caroline exigeait 1° que, sous aucun prétexte, M. Dubois n’entrât dans sa chambre ; 2° qu’on lui promît de la mettre en liberté, aussitôt que M. Deneux la trouverait en état de supporter les fatigues du voyage ; 3° que la promesse fût délibérée, arrêtée en conseil et signée par cinq ministres au moins ; 4° que l’original ou une copie signée des ministres fût confiée au général et conservée par lui ; 5° qu’on lui remit à elle-même une copie de cette promesse, certifiée conforme à l’original.

Cette dernière clause donna lieu à divers pourparlers, à la suite desquels les conditions furent acceptées de part et d’autre et transmises au gouvernement par dépêche télégraphique. Que le lecteur nous pardonne ces détails : il est douloureux,