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poumons sont le siège d’une irritation vive et profonde, ayant déjà produit probablement des tubercules à l’état de crudité, susceptibles de prendre un accroissement plus ou moins rapide.

Les fonctions digestives sont dans un état assez satisfaisant. Cependant il y a peu d’appétit, des borborysmes de la constipation.

La région de la rate est sensible à la pression et on remarque un léger accroissement du volume de ce viscère.

Relativement aux organes génitaux, voici ce que l’on observe une tumeur arrondie, globuleuse, existe dans l’hypogastre et s’élève jusqu’à l’ombilic ; elle est molle et offre de l’élasticité. Au rapport de madame la duchesse de Berri, cette tumeur a été le siège de mouvements obscurs depuis le mois de janvier. L’oreille appliquée sur cette partie ne distingue point de battements dépendants de l’existence d’un fœtus. Le toucher fait reconnaître que le col de l’utérus est un peu élevé incliné en arrière, ramolli entre ouvert ; le doigt rencontre à la partie antérieure du sommet du vagin, une tumeur large, molle, fluctueuse, et en exerçant une pression de bas en haut, tandis que la main gauche déprime la région hypogastrique, on distingue un ballottement assez évident. La suppression des règles date du 21 septembre dernier d’après la déclaration verbale de madame la duchesse de Berri, l’état de grossesse présumée daterait de la fin du mois d’août. Cette déclaration et les phénomènes ci-dessus énoncés donnent des probabilités de l’existence d’une gestation mais ne peuvent constituer à cet égard une certitude. Il est en outre à remarquer que les mamelles ne sont que peu développées.

Il résulte des faits précédents, que l’état des poumons mérite une sérieuse attention ; et dans la circonstance présente leur disposition morbide réclame des précautions plus grandes que dans les cas ordinaires. En supposant, en effet, l’existence d’une grossesse, il serait à craindre, comme le prouve l’expérience, qu’après l’accouchement, les symptômes de l’affection pulmonaire ne prissent un développement rapide et funeste.

Afin de prévenir, en attendant cette époque, un accroissement fâcheux de la maladie on usera des moyens suivants :

1° Un excitoire sera établi à l’un des bras.

2° On continuera l’emploi du lait de chèvre.

3° Une décoction légère de lichen d’Islande sera donnée par tasses et édulcorée avec le sirop de mou de veau.

4° Un régime adoucissant et léger sera toujours suivi.

5° Il importera de procurer à madame la duchesse de Berri la faculté de se rapprocher le plus tôt possible de son pays natal, dont la température paraît devoir être plus favorable au rétablissement de sa santé ; et si cette décision salutaire était prise, il serait à qu’elle fut exécutée avant le terme de la grossesse présumée dans la crainte qu’après l’accouchement, les symptômes de l’affection pulmonaire ne fissent des progrès trop rapides pour permettre un voyage quelconque. Ce conseil doit avoir d’autant plus de poids que l’état moral de madame la duchesse de Berri ne peut aujourd’hui que recevoir des impressions de plus en plus funestes par l’effet d’une détention prolongée.

À la citadelle de Blaye, le 1er mars 1833.

P. Menière, J. Pourgu, Grateloup, E. Gintrac, Gaichrac.