Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/70

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qu’elle avait souffert pour la cause de son fils. Là se borna l’entretien. M. de Chateaubriand se hâta de rédiger l’acte de déclaration de majorité ; mais cet acte ayant été porté à Charles X par M. de Blacas, on fit savoir à l’auteur que son projet, qu’on trouvait d’ailleurs fort convenable, devait être envoyé à Vienne, parce qu’on s’était malheureusement engagé à ne rien faire à la majorité de Henri V. « Il est dur, Madame, écrivait à ce sujet M. de Chateaubriand en s’adressant à Marie-Caroline, il est dur d’avoir à parler de l’Autriche quand il s’agit de la France. Que diraient nos ennemis s’ils nous voyaient nous disputant une royauté sans royaume, un sceptre qui n’est aujourd’hui que le bâton sur lequel nous appuyons nos pas dans le pélerinage de l’exil ? » il écrivait encore, après avoir rendu compte des résultats de son voyage : « Si jamais, Madame, vous deveniez maîtresse du sort de votre fils, si vous persistiez à croire que ce dépôt précieux pourrait être confié à mes mains fidèles, je serais aussi honoré qu’heureux de lui consacrer le reste de ma vie. Mais je ne pourrais me charger d’une aussi effrayante responsabilité qu’à condition d’être, sous vos conseils, entièrement libre dans mes choix et mes idées, et placé d’abord sur un sol indépendant, hors du cercle des monarchies absolues. »

L’éducation du duc de Bordeaux était, en effet, pour les royalistes, un sujet d’ardentes préoccupations ; et c’est ce qui explique l’intervention de MM. de Chateaubriand, de la Ferronays, de SaintPriest et autres personnages marquants, qui s’é-