Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/75

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qu’on ne puisse fortifier Paris que moyennant l’autorisation législative. Ne dirait-on pas, à voir ce sérieux des mandataires, que ce mot a une valeur ? Comme s’ils ne voteront pas tout ce qui leur sera demandé ! O le bon billet de la Châtre que nous donne là cette Chambre prostituée !… »

Dans un second article plein d’amertume et d’ironie, la Tribune accusait plusieurs députés, et, entr’autres, M. Viennet, d’entretenir avec M. Gérin, caissier des fonds secrets, des relations dont l’honneur eût été moindre que le profit.

Le coup porta : la Tribune y comptait. Le lendemain même du jour où les articles avaient paru, M. Viennet les dénonçait à la Chambre. L’assemblée prit feu : une commission fut nommée, et M. Persil ayant présenté un rapport qui concluait à ce que les coupables fussent traduits à la barre de l’assemblée, le 8 avril la discussion commença. Soutenues par MM. Petit, Pataille, de Rémusat, Dumon, Jaubert, Duvergier de Hauranne, les conclusions du rapport de M. Persil furent vivement combattues par MM. Gaëtan de la Rochefoucauld, Laurence, Salverte, Gauthier de Rumilly, les généraux Bertrand et Lafayette, Thouvenel, Garnier-Pagès.

Les premiers affirmaient que la Chambre se devait de ne point souffrir qu’on outrageât en elle la majesté de la nation ; qu’en frappant de ses propres mains ceux qui se déclaraient si ouvertement ses ennemis, elle agissait comme corps politique, non comme autorité judiciaire ; qu’elle avait sous les yeux l’exemple de l’Angleterre, l’exemple des États-Unis, où le parlement avait usé plus d’une fois du