Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/103

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tiques que ne manquerait pas de soulever le mariage de la jeune reine. M. Mendizabal proposa secrètement à Christine de fondre les trois problèmes en un seul, par le mariage immédiat d’Isabelle. On n’aurait plus à redouter alors, pour la monarchie, l’ascendant d’un guerrier triomphateur, puisque le chef suprême de l’armée serait l’époux de la reine la régence venant à vaquer, l’autorité se trouverait fixée entre les mains d’un prince placé au-dessus des rivalités de l’ambition et, quant aux complications matrimoniales à éviter, le mieux était de ne pas leur laisser le temps de se produire, en brusquant la solution.

Restait à choisir un prince en qui fussent réunies les diverses qualités que la situation réclamait, savoir : l’habitude des armes, pour qu’il pût se mettre à la tête des troupes une grande naissance, pour que les souverains n’eussent pas de peine à l’agréer ; une condition telle en Europe, que son mariage ne fit pas éclater la jalousie dont les Puissances principales étaient animées l’une contre l’autre ; de la fortune, enfin, pour qu’on ne lui reprochât point d’être venu s’enrichir en Espagne. Le prince qui, suivant M. Mendizabal, réunissait toutes ces qualités, était le duc de Leuchtemberg[1] il n’hésita pas à le proposer à Christine.

La régente parut accueillir ce plan avec faveur. Mais il ne pouvait réussir que par la promptitude et le secret des moyens d’exécution. Or, M. de Rayneval fut instruit de la combinaison projetée, et

  1. Le même qui a épousé, depuis, la fille alnée de l’empereur de Russie.