Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/104

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c’en était assez pour qu’elle échouât. Aux yeux de Louis-Philippe, le duc de Leuchtemberg avait un tort irrémissible, celui de tenir à la famille des Bonaparte. M. Mendizabal avait, par conséquent, alarmé un intérêt dynastique, et il ne fut pas longtemps à savoir quelle influence minait son crédit, quelles mains préparaient sa chute. Donc, l’intervention française, qu’il repoussait comme Espagnol et révolutionnaire, M. Mendizabal était intéressé à la repousser aussi comme ministre.

Et pourtant, de combien de maux la guerre civile n’avait-elle pas accablé l’Espagne depuis l’avénement de M. Mendizabal ? En 1835, les carlistes avaient perdu dans Zumalacarréguy un homme aussi propre à organiser une armée qu’à la conduire à l’ennemi, un soldat indomptable, un chef expérimenté, un héros. Mais, quelle que grande que fût cette perte pour don Carlos, l’insurrection s’était maintenue sur son terrain et fortifiée. Campée, en 1836, sur un territoire d’une étendue de plus de trente lieues compris entre les Pyrénées, l’Arga, l’Ebre et l’Océan, elle y occupait des positions formidables, inaccessibles s’appuyait sur une masse compacte de près de quarante mille hommes, et rayonnait au loin par des bandes hardiment commandées, ivres de fureur, fortes par l’audace, par l’agilité, par la ruse, et dont la trace sanglante était partout marquée en Catalogne, dans le bas Aragon, dans la Manche, dans la vieille Castille, dans la Galice, dans les Asturies. Ainsi, point de batailles rangées, mais des attaques sans cesse renaissantes, des embuscades à chaque pas, des villes surprises,