Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/107

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il comptait. Il lui écrivit donc en Afrique, ou ce général venait de remporter la victoire de la Sickak, et il fit si adroitement valoir à ses yeux les avantages de l’expédition confiée à son zèle, que M. Bugeaud accepta, bien qu’il lui en coûtât beaucoup d’aller combattre sous une cocarde étrangère.

Restait le consentement du roi à obtenir ; et M. Thiers, sur ce terrain, eut à engagea contre le monarque une lutte fort vive. Mais, prévoyant bien cette résistance, il avait su se créer des appuis dans la famille royale elle-même. La reine désirait, quoique timidement, qu’on ne laissât point Christine exposée aux chances de la guerre civile ; le duc de Nemours s’était laissé gagner Insensiblement par l’éloquence persuasive de M. Thiers ; mais, de tous les membres de la famille royale, celui qui soutenait le plus chaudement la politique du premier ministre, c’était le duc d’Orléans.

Mélange de bonnes et de mauvaises qualités, ce prince était plein de ruse, mais plein de bravoure. Les Intérêts de la liberté le touchaient faiblement, quoiqu’il affectât des dehors de libéralisme, par une dissimulation commune aux héritiers présomptifs mais ceux de la nationalité avaient une place énorme dans ses préoccupations. Il aimait passionnément la France militaire et abhorrait l’Europe. Aussi, nul ne se plaisait plus que lui aux manœuvres des camps et au maniement de l’armée. Il entrait volontiers dans la familiarité du soldat avec un naturel bien joué aux habitudes soldatesques, se faisant aimer par la liberté de ses propos, par la rondeur de ses allures, attentif aux mé-