Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/113

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mouvements combinés des généraux Manso, Latre et de la Puente, traversant les capitales d’un pas victorieux, frappant des contributions, semant partout l’épouvante et la révolte. Pendant ce temps, une autre bande envahissait la province de Soria Cabrera et Serrador étendaient de toutes parts leurs ravages ; le général anglais Evans s’éloignait précipitamment de Fontarabie, qu’il avait menacée, il s’éloignait sous le coup d’une panique ; Cordova, de retour au camp, s’agitait dans son impuissance le carlisme, en un mot, semblait déjà se dresser devant Madrid comme un fantôme sanglant, inévitable… Et, pour comble de maux, le ministère Isturitz, poussant la contre-révolution à l’extrême, mettait le feu aux passions. Déchirée alors, exaspérée, palpitante, l’Espagne fut tout-à-coup saisie d’un mouvement terrible. À Malaga, une junte est formée sur les cadavres encore chauds du comte de Donadio et de M. San Just, impitoyablement égorgés. Cadix, Xérès, l’île de Léon, Séville, Cordoue, Saragosse, Badajoz, Valence, Carthagène, Lorca, Alicante, Murcie, se soulèvent d’un commun élan. D’un bout à l’autre de la Péninsule, un même cri s’élève c’est la constitution de 1812 qu’on proclame, cette constitution démocratique votée jadis sous le feu des envahisseurs de la patrie, et sur un rocher, dernier refuge de la liberté espagnole.

Au milieu de cette immense tempête, seule la ville de Madrid restait immobile, silencieuse. Mise en état de siège, elle paraissait trembler sous la main du général Quesada, qu’environnait l’appareil d’une dictature homicide. Soudain, à quelque