Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/114

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

distance de la ville, presqu’aux portes de la Granja, palais qu’habite la reine, le régiment des milices provinciales se met en marche en chantant l’hymne de Riégo. C’était le 12 août 1836, à huit heures du soir. Les soldats du 4e régiment d’infanterie de la garde agrandissent, en s’y joignant, cette sédition militaire. Quelques instants après, des sergents pénétraient dans l’appartement de Christine, et, à leur voix, sous leur regard, la régente signait un écrit portant « La reine autorise le général San Roman à laisser jurer la constitution jusqu’à la réunion des Cortès. » » Il n’en fallait pas tant pour que Madrid fît explosion. C’est en vain que le ministère se prépare à une résistance furieuse, c’est en vain que Quesada parcourt les rues le sabre à la main, d’un air menaçant et indomptable la révolte possède la ville ; de la Porte du Soleil ordinaire foyer des troubles, un mugissement sinistre s’élève ; d’heure en heure augmente le bouillonnement de la foule… il faut que le pouvoir tombe. M. Calatrava est, en effet, nommé président du Conseil des ministres, et le général Seoane capitaine-général de la Nouvelle-Castille. Ce fut dans la maison même de ce dernier que se cacha M. Isturitz, cherché par les vengeances populaires. Moins heureux, le général Quesada était sorti de Madrid et s’était dirigé vers le village d’Hortaleza. On le reconnut à une cicatrice de son visage, et sa fuite ayant été annoncée à Madrid, le général Seoane fit aussitôt partir des cavaliers pour le protéger. Ils arrivèrent trop tard. Devancés par quelques frénétiques, ils ne trouvèrent plus qu’un corps