Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/123

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ment.[1] Venaient ensuite de violentes attaques contre le régime intérieur de la Suisse, qu’on représentait comme dominé par des conspirateurs insensés. Dans l’affaire Conseilla note ne voyait qu’un guet-apens concerté contre l’ambassade de France. Elle se terminait ainsi : « La France croit fermement que la Suisse ne tardera pas à retrouver dans ses souvenirs, dans ses intérêts bien compris, dans ses intérêts véritables, des inspirations qui la préserveront des périls auxquels l’expose une poignée de conspirateurs étrangers. Si, par malheur, il en devait être autrement, forte de la justice de sa cause, elle n’écoutera plus que sa dignité offensée, et jugera seule alors des mesures qu’elle doit prendre pour obtenir une juste satisfaction. Enfin, elle saura, et sans compromettre la paix du monde, montrer qu’elle ne laissera jamais un outrage impuni. »

C’était placer la Suisse entre la honte d’une réparation et les désastres d’un blocus commercial.

De quel étonnement douloureux fut saisie la partie vive du peuple français, on l’exprimerait diffieilement. Et, quant à la Suisse, un cri de malédiction s’éleva du fond de ses plus tranquilles vallées. Eh quoi ! on avait commencé par adresser à la Diète des injonctions manifestement contraires au droit des gens, attentatoires au principe de la souveraineté des États ; puis, pour attiser ces mêmes complots qu’on reprochait au gouvernement fédéral d’avoir tolérés trop long-temps, on envoyait à

  1. Voir aux documents historiques, no 4.