Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/134

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Carrel qu’on lui rapporta, et dont ses illusions exagérèrent la portée.

Il quitta donc le château d’Arenenberg, et, libre des trop doux liens dont l’entourait, dans sa vigilance alarmée, la tendresse maternelle, il se rendit aux eaux de Baden-Baden, où l’attirait le voisinage de l’Alsace, et où le plaisir devait masquer les projets de son ambition.

Ce fut là que se nouèrent les principaux fils du complot. Ce fut là aussi que le prince gagna le colonel Vaudrey, qui commandait à Strasbourg le 4e régiment d’artillerie conquête précieuse pour Louis Bonaparte, puisque Strasbourg figurait en première ligne dans le plan qu’il s’était tracé.

Ce plan était hardi et bien entendu. On devait d’abord obtenir l’adhésion des démocrates alsaciens par la perspective du peuple loyalement convoqué, enlever la garnison de Strasbourg au cri de Vive l’Empereur, appeler les citoyens à la liberté et la jeunesse des écoles aux armes, confier les remparts à la garde nationale, puis, à la tête des soldats soulevés, marcher sur Paris. Et alors ce qui se peignait naturellement à l’esprit de Louis Bonaparte, c’étaient les villes surprises, les garnisons enlevées, les jeunes gens poussés sur la trace d’une telle aventure, les vieux soldats quittant de toutes parts la charrue pour venir saluer le passage de l’aigle, au bruit des acclamations prolongées le long des routes d’échos en échos, et le ressentiment de l’invasion, le souvenir des grandes guerres, se réveillant sur chaque point des Vosges, de la Lorraine, de la Champagne.

Que pourrait alors le gouvernement ? S’enferme-