Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/14

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nement les faveurs réservées aux condamnés politiques. Sicaire en disponibilité, il lui arriva d’offrir à ceux dont le patronage s’était égaré sur lui, ses services meurtriers. Ayant vendu à la police son âme et son bras, il se fit l’homme des partis contraires, souffla la révolte, marcha contre l’émeute un poignard à la main, et vécut en aventurier de carrefour jusqu’au moment où ses fraudes découvertes ne lui laissèrent que périls, opprobre et détresse. Réduit alors à fuir un châtiment plein d’ignominie, abandonné par l’une des deux femmes qu’il flétrissait d’une affection incestueuse, désespéré, furieux, impuissant pour tout, si ce n’est pour un crime, il médita quelque coup terrible. Comment il le frappa, et comment sa rage fut trompée, nous l’avons dit.

Il n’y a jamais eu peut-être de scélérat complet : Fieschi possédait une vertu, la reconnaissance. M. Lavocat, directeur de la manufacture des Gobelins, avait su le gagner en le traitant avec bonté dans les rapports qu’ils avaient eus ensemble antérieurement au crime. On put juger, d’après les discours de Fieschi, que, pour obtenir de lui des aveux, le plus sûr était de le soumettre à l’influence de celui qu’il appelait son bienfaiteur. La Cour des pairs avait confié l’instruction à M. Pasquier et aux membres de la pairie par lui désignés M. Lavocat fut prié d’intervenir officieusement auprès du coupable. Mission fâcheuse qu’on ne saurait accepter, surtout dans un pays tel que le nôtre, sans encourir le blâme de l’opinion publique et blesser le plus susceptible de tous les instincts.