Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/154

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ble nouvelle, au milieu. du silence de l’Europe ? Délivrer la Méditerranée était donc une nécessité glorieuse. Et quel peuple était plus digne, plus capable que le peuple de France, de veiller sur la mer ? En forçant la piraterie dans son dernier asile, la France se montrait fidèle à son rôle historique elle reprenait, avec plus de lumières et moins de fanatisme, la grande tradition des croisades elle abritait une fois encore la civilisation. Le coup d’éventail eut quelque chose de providentiel. Il ne fut pas une cause, il fut un signal.

Quoi qu’il en soit, arrivés à Alger, les Français se trouvèrent dans une situation pleine d’obstacles et de périls. Sur leurs têtes un ciel ardent. Devant eux, dans une plaine comprise entre la mer et une première chaîne de montagnes, tout un peuple de cultivateurs guerriers, fractionné en tribus.

Dans cette partie septentrionale de l’Algérie appelée le Tell, les villes étaient rares et habitées par un mélange de Maures et de Juifs portant sur le front l’empreinte de la domination turque. Mais là n’était point le vrai peuple de l’Algérie, l’Arabe des tribus. Refoulé loin des villes, repaires d’un gouvernement spoliateur, l’Arabe, dans le Tell, occupait un territoire dont il ne franchissait pas les limites, mais auquel il n’était enchaîné par aucun de ces liens dont notre système de propriété enlace les hommes d’Europe. La propriété, l’Arabe du Tell ne la connaissait, dans ce qu’elle a de personnel et de jaloux, que relativement à ses troupeaux, à sa charrue, à ses armes, à son cheval. Pour ce qui est du sol, il ne le jugeait pas transmissible par vente ou