Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/181

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France, lui assurer le long de la côte africaine des positions maritimes d’où elle pût commander à la Méditerranée, la protéger en temps de paix, et, en cas de lutte, y déchaîner des corsaires, M. Thiers dans les conséquences de la conquête n’apercevait rien au-delà. C’était beaucoup et trop peu.

Mais s’il n’avait que des vues bornées sur l’avenir de l’Algérie, du moins ne se faisait-il aucune illusion sur ce qu’il importait d’oser pour la soumettre. Il comprenait que le mal venait uniquement de la guerre mal faite ; que l’incendie une fois allumé, il n’y avait pas de milieu entre l’étouffer puissamment et le fuir que les demi-mesures étaient un encouragement pour les Arabes, une cause d’impuissance pour l’armée, une source de ruine pour le budget, et un infaillible moyen de faire descendre tôt ou tard jusqu’à l’abandon la France lassée. Il n’eut donc pas de peine à s’entendre avec le maréchal Clauzel sur les mesures à adopter. Penché sur la carte d’Afrique, il y suivait d’un œil complaisant les détails du plan de campagne. Il autorisa le maréchal à marcher sur Constantine, lui accorda plus de forces qu’il n’en demandait, et, craignant que l’audace du gouverneur général ne le portât à entreprendre l’expédition avec des ressources médiocres, il lui prescrivit de ne partir de Bone que sur un ordre écrit de sa main. Quant à l’exécution, elle rentrait dans le domaine du ministre de la guerre, et ce fut avec celui-ci que le gouverneur général dut s’aboucher.

Suivant le maréchal Clauzel, ce qu’il y avait de plus pressé à faire en Afrique, c’était d’arracher