Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/222

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Vous feriez les frais d’établissement de dix mille salles d’asile pour les petits enfants.

Vous ouvririez dans trois cent cinquante villes des refuges libres pour les vieillards des deux sexes.

Vous empêcheriez de mourir de faim, pendant deux mois de la saison d’hiver, trente mille ouvriers sans ouvrage.

Vous fourniriez, pendant cinq ans, une pension de cent francs à cinq mille soldats blessés a estropiés ou infirmes. »

C’étaient là des considérations toutes républicaines. Elles touchèrent néanmoins une bourgeoisie qui se croyait et se disait monarchique. Ils ne comprirent pas, ces bourgeois Inconséquents qu’il est dans la nature des choses qu’une royauté s’entoure d’éclat et pèse sur le peuple. Ils auraient désiré une royauté obéissante, modeste vivant de peu, mesurant avec sagesse ses demandes à ses besoins, et, même alors, se résignant volontiers à rendre des comptes. Désir chimérique ! Quand on s’est avisé de placer un homme sur ces hauteurs qui donnent le vertige, quand on lui a permis de regarder les générations à venir comme la propriété de sa race, quand on l’a déclaré inviolable, quand on a osé dire de lui qu’il ne pouvait mal faire, la folie est grande de vouloir assigner des limites à son orgueil et à ses exigences. Il faut le subir tel qu’on l’a fait. Il faut, ou ne se point donner un maître, ou s’entendre à servir.

Mais la bourgeoisie voulait un maître qu’elle eût le droit d’humilier au besoin. Elle salua donc de