Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/236

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s’étaient engagés à supporter les frais d’une expédition entreprise pour les sauver ; et l’on s’était adressé à eux parce qu’ils étaient riches, parce qu’il s’agissait de l’entretien d’une garnison destinée à les défendre, parce qu’ils avaient pillé la ville, pillé les Hadars, et qu’il n’eût été ni juste ni raisonnable de rançonner ceux qui venaient d’être dépouillés, en faveur de ceux qui jouissaient des dépouilles. La perception, il est vrai, avait été violente dans ses formes mais elle s’était faite suivant les usages du pays ; l’administration française n’y avait trempé en rien et les détails n’en étaient pas plus tôt connus qu’on donnait l’ordre de la suspendre. Quant à l’expédition de Constantine, avait-elle été un échec ? avait-elle été une défaite ? Non. L’inclémence du temps, dont il est si difficile en Afrique de prévoir les variations, tel fut notre ennemi. Et pourtant, on l’avait destitué, lui maréchal de France, destitué pour ne s’être pas montré plus fort que les éléments ! Le Directoire avait-il donc frappé Bonaparte échouant devant Saint-Jean-d’Acre ? Le gouvernement anglais avait-il frappé le duc de Wellington renonçant à s’emparer de Burgos ? Louis XIV avait-il frappé Condé levant le siège de Lérida ?

Ces explications amenèrent M. Baude à la tribune. Envoyé en Afrique par le gouvernement avec une mission spéciale, il avait recueilli les plaintes des Koulouglis, suivi l’expédition de Constantine ; et il n’hésita pas à se porter hautement l’accusateur du maréchal. Son discours ne fut, du reste, qu’une reproduction plus vive de griefs déjà énoncés, et il