Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/239

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civile dévoilée, que les forêts de la couronne figu«  rent pour 184,000 hectares. Je ne les ai portées, moi, qu’à 162,000 hectares. En sorte que vous vous seriez calomnié vous-même. Je ne me perdrai pas dans le dédale de vos calculs : osez produire les pièces justificatives, osez-le ! J’accepte le combat. La question est bien simple. Le domaine privé est de 74 millions. Or, je demande si avec 74 millions vous ne pouvez pas payer un million de dot à la reine des Belges. » Cette harangue, si courte, mais si nette et si péremptoire, eut un succès prodigieux, auquel M. de Montalivet ne fit qu’ajouter par l’aigreur excessive de sa réplique. Ayant dit en parlant de M. de Cormenin : l’honorable préopinant… le préopinant, ajouta-t-il, en se rétractant avec vivacité : insulte gratuite où l’on ne vit qu’une vengeance de courtisan ! La discussion ne fut pas autrement animée : la Chambre avait hâte de montrer qu’on n’épuiserait pas facilement sa complaisance. Au reste, puisqu’elle se disait monarchique, elle avait raison de ne pas refuser quand c’était un roi qui demandait !

Cependant, les amis de M. Guizot frémissaient de dépit et d’impatience ; et lui-même, immuable dans son orgueil il ne vivait plus que de l’espoir d’abattre ses faibles vainqueurs. Mais la véritable cause de sa rupture avec M. Molé n’étant pas de celles dont on se vante il cherchait avec inquiétude par où il saisirait son adversaire pour le renverser. Lorsqu’ils étaient ensemble au pouvoir, n’avaient-ils pas l’un et l’autre professé les théories de la violence ? n’avaient-ils pas voulu, d’une commune ardeur,