Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/254

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cheveux, la grâce de son maintien, ils lui prêtèrent plus d’érudition qu’une femme d’esprit n’en veut avoir, et plus d’esprit qu’une femme de bon sens n’en fait paraître. Puis, croyant sans doute raviver par la pompeuse minutie de leurs descriptions le culte éteint de la monarchie, ils se mirent à raconter heure par heure, sans oublier le moindre détail, la vie des princes, les accidents de chaque promenade, et quel était le costume des fils du roi, et dans quel ordre s’avançaient voitures, calèches, char-à-bancs ou landaus, et comment la hiérarchie des rangs avait été observée dans la disposition des places assignées aux dames de la Cour sur les banquettes. En même temps, par une violation brutale du mystère qui protége la pudeur des femmes, on étalait pour ainsi dire devant le public le trousseau de la princesse Hélène, on décrivait sa toilette depuis sa coiffure jusqu’à ses jarretières : et cela pour montrer que la monarchie en France n’avait pas perdu le secret d’éblouir, pour accoutumer la nation à vivre de la vie de la royauté. « Est-ce que le plus simple bon sens, s’était écrié le Journal des Débats, ne fait pas comprendre que le peuple a voulu honorer, dans la princesse Hélène, le choix du roi, et donner une nouvelle preuve d’attachement à sa dynastie libérale, un éclatant démenti à des passions coupables ? » Déclaration injurieusement naïve, qui trahissait le calcul politique caché au fond de ces fêtes dont la princesse Hélène paraissait être l’objet et n’était en réalité que le prétexte !

Cependant, des lettres d’invitation répandues