Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/273

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efforts surhumains des Zouaves. Pas de foin, pas de paille pour les chevaux. Ceux de l’artillerie, les plus utiles, ne recevaient qu’un tiers de ration d’orge par jour, les mulets affamés rongeaient les caissons. Il y eut des nuits de tempête, effroyables, mortelles. Les soldats couchaient dans l’eau à quelques-uns il fut donné de s’étendre sur des cailloux ; d’autres, pénétrant dans le cimetière de Koudiat-Aty, se reposèrent sous la voûte des tombeaux.

On conçoit ce que de telles souffrances devaient être pour des Français, race impétueuse et plus propre à supporter le péril que le retard. Aussi, lorsque dans la matinée du 9, les batteries de Mansourah ouvrirent le feu, l’armée tout entière répondit au bruit du canon par un immense cri de joie. Mais c’était trop peu que d’éteindre ça et là le feu de la place, que d’échancrer les embrasures : les portes restant closes et rien n’annonçant que la ville se fût émue, les Français appelèrent avec impatience l’heure de l’assaut. Pour le rendre praticable, il fallait achever les travaux de la batterie de brèche que le mauvais temps avait interrompus et transporter à Koudiat-Aty, sur un terrain mouvant, inégal, profondément déchiré, des pièces de 24 et de 16 destinées à cette batterie. On y parvint, tant était forte la trempe des courages et des volontés ! Alors les Arabes sortent de tous côtés de la ville et, à la faveur des ressauts de terrain, ils viennent ramper jusqu’au pied des parapets qui couvrent les assiégeants. Le général Damrémont arrive suivi du duc de Nemours. Il ordonne aux soldats de sauter pardessus les parapets. À la baïonnette ! crient les Fran-