Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/275

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brèche. « Prenez garde, lui dit alors le général Rullières, qui était venu au-devant de lui nous sommes ici au point de mire de l’ennemi. — C’est égal, répondit froidement M. de Damrémont. » À peine avait-il prononcé ces mots, qu’on le vit tomber à la renverse, frappé d’un boulet de canon. Le général Perrégaux se penchant aussitôt sur lui, une balle l’atteignit à la tête. Le gouverneur-général fut relevé avec une émotion pleine de respect par les témoins de sa mort glorieuse, et, quelques instants après, le corps sanglant traversait l’armée, couvert d’un manteau.

Parmi les soldats, il y en eut qui pleurèrent leur chef : tous saluèrent sa destinée. Le commandement revenait de droit au lieutenant-général Valée : il le prit, aux applaudissements des troupes et ce fut avec transport qu’elles reçurent, le jour même, la grande nouvelle de l’assaut pour le lendemain.

Le lendemain était un vendredi. Or, d’après une croyance superstitieuse depuis long-temps répandue parmi les Arabes, un vendredi devait marquer en Afrique le triomphe définitif des chrétiens. Mais Constantine ne s’en préparait pas moins à une résistance furieuse. Et, de leur côté, les Français se montraient sûrs de vaincre, puisque c’était corps à corps qu’ils allaient saisir l’ennemi. Les troupes destinées à l’assaut avaient été, dès la veille, divisées en trois colonnes sous les ordres du lieutenant-colonel Lamoricière, du colonel Combes et du colonel Corbin. À sept heures, le signal est donné, et au bruit des tambours tous les cœurs palpitent d’im-