Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/294

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celle Bien que M. de Rémusat fut doctrinaire, M. Thiers l’avait toujours recherché. Il aimait en lui une intelligence élevée, un talent sérieux assaisonné d’esprit, des manières sans pédantisme, et l’indépendance de l’homme de lettres. Enfants de la presse tous deux, ils avaient encore cela de commun, qu’ils croyaient le maintien de la monarchie en France conciliable avec quelques idées de fierté nationale, pourvu qu’il s’y mêlât beaucoup de modestie et de prudence. Ils se convinrent donc, et dans leurs relations privées se trouva le germe de l’alliance si célèbre depuis sous le nom de Coalition. Il était singulier, selon M. Thiers, que les hommes les plus capables de la Chambre en fussent réduits à subir la loi de la médiocrité triomphante. Entre les doctrinaires et le Centre Gauche, n’y avait-il point de rapprochement possible ? M. de Rémusat se laissa convaincre à son tour il intervint efficacement auprès de ses amis ; et bientôt, MM. Jaubert, Piscatory, Duchâtel, Guizot lui-même s’accoutumèrent à l’idée d’une alliance offensive. M. Duvergier de Hauranne, qui, plus tard, devait en être l’âme, s’y montra d’abord peu disposé. Il pensait qu’à changer d’attitude un parti risquait son crédit que de telles résolutions veulent qu’on les mûrisse, parce que, s’il est facile de les prendre, il l’est moins de les expliquer. Toutefois, il était un drapeau auquel, d’après M. Duvergier de Hauranne, il suffisait de se rallier pour ôter à la Coalition le caractère d’une intrigue. La part inconstitutionnelle et excessive que le roi s’était faite dans le maniement des affaires de l’État pesait d’une manière