Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/296

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semblée armée du vote des impôts et une royauté inviolable un duel était à craindre, un duel à mort, il aurait voulu que le ministère participât à la fois et de la Chambre et de la Couronne de la première par la désignation, de la seconde par la nomination, de sorte que les ministres auraient servi de lien entre des pouvoirs rivaux et formé une autorité médiatrice. M. Duvergier de Hauranne ne prenait pas garde qu’en croyant prévenir le combat, il ne faisait que déplacer le champ de bataille ; car on lui pouvait répondre : « De deux choses l’une ou le roi sera forcé d’avoir égard à la désignation ou il lui sera loisible de n’en pas tenir compte. Dans le premier cas, son droit est illusoire. Dans le second, la Chambre venant à lui refuser tout concours, la lutte renaît pour aboutir à un coup d’État, et, peut-être, à une révolution. »

Le régime constitutionnel allait ainsi s’affaiblissant, compromis, décrié, par les débats de ses publicistes et l’impuissance de leur logique. L’article de M. Duvergier de Hauranne, cependant, avait une signification redoutable il donnait un mot d’ordre à la ligue parlementaire qui se préparait.

On touchait au 12 mars (1838), époque fixée pour la présentation de la loi sur les fonds secrets, question de confiance qui devait décider du maintien du ministère ou de sa chute. Les nouveaux alliés jugèrent l’occasion bonne pour essayer leurs forces, et se partagèrent les rôles. Esprit agressif, orateur aventureux, M. Jaubert se chargea de commencer l’attaque. M. Guizot devait la soutenir, et M. Thiers porter le coup décisif. Mais les incertitudes de