Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/299

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rées ! que de complications fâcheuses ! Et cela sans autres résultats qu’une grande fatigue physique et morale, et qu’un sentiment profond de découragement à l’égard de l’avenir, de dégoût pour le passé ! »

Ainsi, sous la glace de son front, l’ironie perpétuelle de son regard, le calme de son maintien, et la permanence de son bonheur apparent, M. de Talleyrand cachait une vie pleine de luttes et de pusillanimité. Une fois sur la scène, il faisait volontiers étalage de son dédain pour la vertu. Mais il avait le cynisme du mal sans en avoir le courage. Il ne croyait même pas à son scepticisme il n’avait pas foi même en son immoralité : de sorte que tout était faux chez cet homme, jusqu’à ses vices.

S’il en faut croire quelques dévots personnages, la première communion de la fille de Mme de Dino aurait marqué, dans la vie de M. de Talleyrand, d’une manière étrange, décisive ; et il se serait laissé toucher à un point extraordinaire par le spectacle de la piété chez une jeune fille qu’il aimait tendrement. Ce qui est certain, c’est que Mlle Pauline de Dino était d’une dévotion rare, et, de la part de son grand-oncle, l’objet d’une espèce de culte. M. de Talleyrand, d’ailleurs, avait une faiblesse de caractère à peine croyable, et personne plus que lui n’était propre à être gouverné par un enfant. Ce fut de ces données qu’on partit pour préparer l’œuvre de sa conversion.

On devine de quelle importance était pour les prêtres une conversion semblable ! Ceux d’entre eux qu’animait un zèle sincère pour 4a religion devaient s’en réjouir comme d’une sainte conquête ;