Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/348

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

toute autre ligne voisine dont les tarifs n’auraient pas été en même temps abaissés ; que le gouvernement se trouverait ainsi dans l’alternative, ou de ne pas toucher à ses droits de péage, ou de ruiner certaines compagnies qui ne seraient pas en mesure de modifier les leurs. Tout cela était évident ; mais la seule conséquence à en tirer, c’est que l’État aurait dû réclamer l’exécution de toutes les lignes. Telle ne fut pas la conclusion de M. Arago. Convaincu que les ministres étaient incapables de justifier la hardiesse de leurs prétentions ; que l’exécution par l’État présentait des inconvénients et des dangers, rendus plus sensibles par la mauvaise organisation du pouvoir en France ; convaincu, en outre, que pour une aussi colossale entreprise les ressources du budget étaient insuffisantes il prononçait, à la fin de son rapport, ces mots, dont l’influence fut décisive : « La commission a pensé qu’il fallait se hâter de recourir aux compagnies, et elle se voit forcée de vous proposer le rejet du a projet de loi. »

Les hommes qui, dans le parti démocratique, Voulaient, en thèse générale, le système de l’exécution par l’État, regrettèrent que M. Arago, en repoussant l’application Immédiate, n’eût pas du moins réservé le principe : regret d’autant plus naturel, que, dans la balance des délibérations publiques, l’opinion du célèbre savant était d’un poids immense. Et il y parut bien dans les débats qui suivirent. Étourdi du coup qu’une main si puissante venait de frapper sur lui, le ministère perdit contenance. M. Martin (du Nord) défendit son pro-