Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/355

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en même temps que Laure Grouvelle venait d’être jugée coupable : une douleur profonde se peignit sur le visage de MM. Leproux et de Vauquelin, et ils sortirent consternés. Les autres accusés ayant été introduits, Hubert écouta avec beaucoup de sérénité la lecture du verdict qui le déclarait coupable de complot concerté et arrêté dans le but de changer ou de détruire la forme du gouvernement ; mais, quand il entendit le nom de Melle Grouvelle, un cri terrible s’échappa de sa poitrine, et une arme qu’il tenait cachée brilla dans sa main. Pour l’empêcher de se donner la mort, les gendarmes se précipitent aussitôt sur lui. Une lutte s’engage ; le cri aux armes retentit. Tout le monde se lève précipitamment. Les bancs, les tables, les rampes, sont escaladés au sein d’une confusion inexprimable, redoublée par les lamentations des femmes. Steuble tombe évanoui aux bras des gendarmes. Jamais les annales des cours d’assises n’offrirent pareil spectacle. Furieux, hors de lui, Hubert se répandait en imprécations, et du milieu des gardes entre les mains desquels il se débattait : « Cette femme, s’écriait-il avec une violence inouie, elle est innocente ! Misérables ! Vous avez condamné la vertu même ! Un jury français ! Oh, l’infamie ! » On l’entraîna enfin ; et ce ne fut pas sans peine qu’on put achever la lecture de la déclaration du jury, par laquelle étaient reconnus coupables de complot dirigé contre l’existence, non du roi, mais du gouvernement, Melle Grouvelle, Steuble, Annat et Vincent Giraud. Ce dernier fut condamné à trois ans de prison, les autres à cinq. Hubert, déclaré coupable