Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/362

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jeune lord, lequel, après avoir pris part aux divertissements populaires, s’était fait ramasser ivre dans une voiture qui avait écrasé un passant.

Pour ce qui est de la presse anglaise, si l’on en excepte les feuilles du dimanche, spécialement destinées au peuple, son loyalisme éclata par des extravagances dont n’approchèrent jamais les superstitions du fétichisme. Pour que la postérité ne perdît rien de la journée mémorable qui avait vu mettre une couronne sur la tête d’une enfant, les journaux anglais se publièrent en volumes. Le Sun fut imprimé en lettres d’or, et il contenait un médaillon colossal de la jeune reine.

De leur côté, les journaux de la Cour, à Paris, insistèrent sur des pompes qu’ils jugeaient probablement de nature à éblouir les esprits. Avec une admiration servile et une affectation de stupeur, ils racontèrent combien de yeomen marchaient autour de la voiture de cérémonie, et quelle fut, en détail, l’entrée du cortège dans l’abbaye de Westminster, et combien de dames traînait après elle portant la queue de sa robe, sa majesté Victoria, et quels titres paraient les divers personnages à qui était échu l’honneur inappréciable de porter les éperons, ou l’épée de merci ou le calice, ou la patène comme s’il suffisait de tout cela pour ranimer dans un pays tel que le nôtre le culte des vieilles idoles !

Le gouvernement ne pouvait se faire, à cet égard, illusion sur son impuissance ; mais il n’en mettait que plus d’emportement à s’asservir aux intérêts dynastiques. Pour avoir, dans un récit de l’insurrection de Strasbourg, relevé des erreurs histo-