Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/372

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de croire les intérêts de la religion liés à la cause mondaine des jésuites, les portes du temple furent fermées à son cercueil. L’esprit de la Restauration semblait revivre : la ville de Clermont s’en émut ; et, avec une pieuse unanimité de regrets, d’étonnement, d’amertume, le peuple accompagna au champ du repos les restes mortels qu’abandonnaient les ministres du Dieu de la charité.

À ce scandale s’en joignit un autre d’une nature bien différente, mais qui n’en remua pas moins fortement l’opinion. Depuis quelque temps, de sourdes rumeurs faisaient courir dans Paris, mêlé à des accusations terribles, le nom de l’ancien préfet de police, M. Gisquet. On parlait d’actes condamnables commis dans l’exercice des fonctions publiques, on prononçait le mot de concussion, et certains détails dérobés au secret du foyer domestique étaient colportés par la haine, qui, en les répandant, les envenimait. Le Messager, journal du soir, éclata enfin. Dans un article où se trouvaient à demi soulevés des voiles mystérieux, M. Gisquet était désigné comme prévaricateur. Lui, blessé dans ce que l’homme a de plus cher, il résolut de porter devant les tribunaux son honneur déchiré, et de là un procès plein de tristes divulgations. On y lut publiquement une lettre dans laquelle M. Gisquet avait raconté lui-même l’histoire de ses passions intimes et les tourments cachés de son cœur. Des témoins nombreux furent entendus, et de leurs dépositions il résulta, non pas que M. Gisquet avait été un magistrat prévaricateur et concussionnaire, mais qu’il avait tiré parti de ses fonctions pour en-