Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/376

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puyant sur les sentiments généreux, faisant respecter au dehors la dignité du trône et le couvrant au dedans de sa responsabilité, est le gage du concours que nous avons tant à cœur de vous prêter » : avertissement qui semblait cacher une menace !

MM. Debelleyme, de la Pinsonnière et de Jussieu se réunirent pour combattre un projet où ils ne voyaient qu’un appel aux passions révolutionnaires ; mais ils se heurtaient à une majorité impérieuse, résolue, opiniâtre, qui voulait, qui croyait vaincre, et ne respirait que le combat. Quant à M. Dupin, qui, en qualité de président de la Chambre, faisait de droit partie de la commission, il garda une stricte neutralité tant que les chances restèrent incertaines ; mais, les débats terminés, il tira de sa poche un papier, confident de son culte pour la décision du succès, et il fit aux membres de la commission, qui le regardaient avec un mélange de surprise et d’ironie, la déclaration suivante : « Je ne veux pas que l’on puisse penser que je cherche à m’envelopper dans une inviolabilité sournoise. J’ai mis par écrit mon opinion sur l’adresse : je vais vous en donner lecture. » Et il lut, en effet, une note par laquelle il déclarait qu’à son sens une administration plus forte était nécessaire : 1o pour couvrir la Couronne contre les attaques dont elle était l’objet ; 2o pour rallier une majorité dans la Chambre, scindée en deux moitiés égales et partagée comme en deux camps rivaux ; 3o pour imprimer une marche plus nette aux affaires et relever l’administration aux yeux du pays.