Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/395

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quelles la diplomatie française devait se conduire ? Les habitants du Luxembourg et du Limbourg en étaient-ils moins Belges ? et le gouvernement français en devenait-il moins coupable de tremper dans le complot qui disposait d’eux, sans eux, malgré eux et contre eux ?

Quoi qu’il en soit, le roi Guillaume s’étant enfin décidé à l’acceptation du traité, la Belgique fut sommée de se soumettre. À quelle douleur, à quelle indignation elle s’abandonna, il est facile de le deviner. Un moment on put croire qu’elle chercherait dans d’héroïques extrémités son salut ou du moins son honneur. Le ministre des finances vint demander à la Chambre des représentants de rendre exigibles les six premiers mois de la contribution foncière. En vue de la guerre possible ou, plutôt, probable, on jeta les yeux sur le général polonais Scrzynecki. Mais, comme la France, la Belgique avait à compter avec des passions toutes carthaginoises. Les commerçants d’Anvers, de Liège, de Bruxelles, ne manquèrent pas de représenter, dans des adresses lancées avec un déplorable courage, que la guerre aurait pour conséquences d’anéantir le crédit, de paralyser les opérations industrielles de faire clore les frontières de Prusse, fermer l’Escaut, mettre en état de siège Ostende et la côte, séquestrer les navires belges et leurs cargaisons. C’était là évidemment la petite prudence. La grande prudence, Guillaume l’avait pratiquée, lorsque, durant sept années, il avait mis la Conférence au défi d’embraser l’Europe pour se faire obéir ! Mais l’égoïsme mercantile ne voitni d’aussiloinni aussi juste.