Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/396

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Il faut le dire, toutefois ce qui semblait donner raison au commerce belge, c’était l’attitude du gouvernement français. « Osez affirmer, criaient les marchands d’Anvers à leurs adversaires, que si nous tirons l’épée, le Cabinet des Tuileries nous protégera. C’est peu : osez affirmer qu’il ne se joindra pas contre nous à nos oppresseurs ! »

Ce fut le 18 février (1839) que le ministre des affaires étrangères en Belgique, M. de Theux, proposa au vote des représentants l’acceptation du fatal traité, pendant qu’au dehors la foule s’entassait et grondait. La lecture n’était pas achevée que les colères se firent jour. « Hommes misérables, s’écria M. Dumortier en s’adressant aux ministres, ne voyez-vous pas que c’est par votre faute que la Belgique est conduite à sa honte et à son malheur Qui donc a pu vous porter à un tel acte de pusillanimité ? Où sont ces forces qui se préparent à accabler la patrie, à envahir la Belgique ? Si votre intention était de céder à de dégradantes conditions, pourquoi avez-vous mis dans la bouche du roi ces mots de persévérance et de courage, qui ont retenti dans nos cœurs ? Persévérance ! Vous n’en avez pas. Courage ! Vous n’en aurez jamais. »

Le 18 mars (1839), et après de tumultueux débats, la Chambre belge adopta, à la majorité de 58 voix contre 42, la loi fratricide qu’on lui présentait. M. Gendebien formula son vote en ces termes : « Non, non, trois cent quatre-vingt mille fois non ! pour autant de Belges sacrifiés. » Et, sortant de la salle, il courut écrire une lettre dans