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laquelle il déclarait renoncer à sa qualité de représentant.

Avant la discussion, trois ministres, MM. Ernst, d’Huart et de Mérode, avaient sacrifié leurs portefeuilles à l’honorable conviction que la Belgique se devait de ne point reculer devant la menace, si sa destinée était de céder à la force. Quant au Sénat, il ne tarda pas à ratifier la sentence prononcée contre la nationalité belge.

Chose consolante et dont il faudra que la postérité se souvienne ! plus que de nos propres mal heurs la partie saine du peuple français fut touchée du malheur de la Belgique. Et quelle âme généreuse ne se révolterait pas contre l’insolence de tels partages qui nous montrent les potentats s’adjugeant la propriété des peuples et se distribuant des têtes d’hommes ainsi que des têtes de bétail !

Ce dernier triomphe de la diplomatie monarchique ne suivit que de quelques jours la chute des ministres français qui venaient d’en accepter, pour leur part, la triste responsabilité. Le 8 mars (1839), le ministère Mole avait donné sa démission.

Il durait depuis près de deux ans (du 15 avril 1837 au 8 mars 1839). Son existence avait été marquée : à l’intérieur, par l’amnistie ; à l’extérieur, par l’évacuation d’Ancône et par le traité des vingt-quatre articles imposé à la Belgique. Il avait ainsi cherché à calmer les partis extrêmes à force de mansuétude et l’Europe à force de soumission, espérant vivre loin de la gloire et des soucis de la vraie grandeur. Mais il n’avait pas compris que la lutte entre la bourgeoisie et la royauté naîtrait terrible, impla-