Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/407

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sidence de ce Cabinet aurait appartenu au maréchal Soult, et M. Thiers aurait eu le portefeuille des affaires étrangères. On convint aussitôt d’un programme. Il portait en substance 1o que les nouveaux ministres ne seraient pas gênés par la prérogative royale dans la distribution des emplois ; 2o que, sans aller jusqu’à l’intervention, on prendrait quelques mesures protectrices de l’Espagne. M. Thiers insistait beaucoup sur ces deux clauses : sur la première, parce qu’il avait hâte de remplir les promesses qui le liaient à ses amis ; sur la seconde, parce qu’elle semblait donner un but à la coalition, qui, sans cela, risquait fort de rester dans l’histoire comme la plus stérile des trames ourdies par l’ambition. M. Thiers éprouvait, de plus, une sorte de joie orgueilleuse et maligne à faire reculer le roi dans une question qui, aux yeux de l’Europe, avait pris le caractère d’un duel engagé entre lui et Louis-Philippe.

Et c’était pour en venir là que, pendant plusieurs mois, on avait semé partout le trouble et la haine !

Quoi qu’il en soit, la liste des noms ayant été arrêtée et le programme adopté MM. Soult, Thiers, Humann, Dupin, se rendirent au Château, tant pour interroger les dispositions du roi, que pour lui faire agréer MM. Passy, Villemain et Dufaure, qu’il n’aimait pas et redoutait. Il y eut quelque chose qui rappelait les réceptions de Roland à la Cour de Marie-Antoinette, dans l’accueil fait aux membres du Centre Gauche, bien qu’aucun d’eux ne rappelât par son indépendance ou son austérité le ministre girondin. Sur leur passage, la famille