Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/413

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rois absolus la grande nouvelle du gouvernement constitutionnel tombé dans la dérision et à la veille de s’engloutir dans son impuissance. Une démarche tentée pour réunir dans un même Cabinet M. Thiers et le maréchal Soult fut repoussée par le second avec une affectation de mépris qui prouvait au premier à quelles haines implacables il était voué ; et l’émotion générale redoubla, excitée d’ailleurs et entretenue par le déchaînement de la presse. C’était de la fureur, c’était du vertige. Et pas un coup qui ne portât sur la royauté. On se battait pour ou contre le roi, mais autour de lui. À lui, à lui seul, disaient les amis de M. Thiers, la responsabilité d’une crise si prolongée ; et chaque matin on lisait dans le Constitutionnel les attaques les plus véhémentes rentre la faction de la Cour, contre le maréchal Soult surtout, soupçonné de jouer, dans ce funeste imbroglio d’intrigues, la partie du roi. Car volontiers l’on supposait à la Cour le dessein de diviser à jamais les chefs de la coalition, de les accabler de leur propre victoire, de les convaincre l’un par l’autre de folie et d’incapacité, de couvrir de ridicule l’assaut livré par eux à la prérogative royale.

Et, de leur côté, les courtisans poursuivaient M. Thiers de leurs malédictions. À entendre le Journal des Débats, M. Thiers était l’ennemi personnel du roi, son calomniateur ; il brouillait tout, parce que l’amour du désordre était entré dans son sang, et par lui le cardinal de Retz était dépassé.

Pour mieux accréditer l’accusation, le Château imagina un expédient bizarre. On fit semblant de croire que l’anarchie dont on souffrait était comme