Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/422

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et, bientôt, cédant aux efforts dirigés contre elle de l’intérieur et du dehors, la porte livre passage à un flot d’assaillants. On se distribue les fusils, les cartouches ; on marche aux maisons de dépôt ; et, tandis que Barbès, Meillard, Nétré, montent dans l’une, l’autre est envahie par Martin Bernard et Guignot. Les deux opérations auraient dû* être d’une égale durée ; mais la seconde ayant été retardée outre-mesure par des obstacles impossibles à prévoir, Barbès et Meillard ne retrouvèrent dans la rue, où Blanqui cependant était resté, que trouble, découragement, désertion, désordre: chose bien facile à comprendre ou, plutôt, inévitable en de pareils moments ! Ce n’étaient donc que murmures, qu’imprécations : Nous sommes trahis ! Il n’y a pas de plan ! Où sont les chefs ? Que le comité se montre ! Barbès se présente aux plus violents, et dans l’emportement d’une scène analogue à celle que caractérisait, un instant après, cette réponse de Martin Bernard : « Le comité, c’est nous », il parvient à reprendre quelque empire. La situation, toutefois, était pressante : le sauve qui peut commençait. Barbès vit bien qu’il fallait précipiter la lutte sans attendre la réunion de toutes les forces insurrectionnelles, et, suivi d’une poignée d’hommes, il se dirigea vers les quais. La colonne passe le pont Notre-Dame, traverse le quai aux Fleurs d’un pas rapide, et arrive sur le poste du Palais-de-Justice. Sommé de se rendre, l’officier répond : Plutôt mourir ! et, se retournant, il fait signe qu’on apprête les armes. Deux coups de fusil partent alors du milieu des insurgés, et le lieute-